Login

Une Europe 100 % agroécologique modélisée

Une transition complète vers l'agroécologie impliquerait notamment plus de production de soja et autres protéagineux dans les rotations.

Une étude menée par l’Iddri et le bureau d’études AsCa a simulé une transition agriécologique complète de la production et de l’alimentation de l’Union européenne à l'horizon de 2050. L’Europe pourrait rester exportatrice mais sous conditions.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

Le verdissement de l’agriculture européenne est une tendance lourde mais dont les conséquences potentielles sur la souveraineté et l’autosuffisance restent source de débats intenses. Pour tenter d’y voir plus clair, l’Iddri (Institut du développement durable et des relations internationales) et le bureau d’études AsCa ont modélisé un passage de l’agriculture de l’Union européenne et du reste du monde, en tout « agroécologie ». L’idée derrière ces recherches : estimer l’impact sur l’offre et la demande alimentaire.

Trois scénarios ont été analysés. Le premier, un passage de la production agricole de l’Union européenne à l’agroécologie, combiné à une transition de la consommation alimentaire plus végétale. Ensuite, un deuxième scénario impliquant uniquement une transition de la production, sans toucher à la consommation. Enfin, un ultime scénario combinant un passage généralisé à l’agroécologie à la fois en Union européenne et dans le monde.

De nombreux changements

La transition envisagée dans l’étude impliquerait une remise à plat complète de la production agricole, pour ne pas dire un bouleversement. Tout d’abord, les engrais de synthèse et les pesticides ne seraient plus employés par les producteurs mais ce n’est pas tout. Les légumineuses et les prairies permanentes prendraient plus de place dans les assolements et les exploitations s’engageraient vers une déspécialisation de leurs productions. L’importation de soja serait proscrite de même que la production de biocarburants et de biogaz pour « limiter la compétition sur les terres agricoles », précise l’étude.

La végétalisation de l’alimentation, condition sine qua non

Dans le scénario dans lequel seule l’Union européenne effectuerait cette transition, ses capacités exportatrices pourraient rester comparables. « Sans augmenter ses surfaces agricoles, l’Union européenne peut maintenir les mêmes niveaux de calories exportées tout en réduisant ses besoins d’importation », estiment-ils. Mais une condition importante est posée, le régime alimentaire des Européens devra évoluer vers une forte végétalisation. Plus en détail, les chercheurs ont modélisé une consommation moins énergétique, moins carnée, avec une part plus importante de fruits, légumes et protéagineux. Les déchets alimentaires seraient par ailleurs réduits de 10 %.

Ce sont dans ces conditions uniquement que l’Union européenne pourrait effectuer cette transition sans affecter sa balance commerciale agricole. Car dans un scénario où la consommation resterait identique à celle d’aujourd’hui, le bloc européen deviendrait dépendant des importations à cause notamment de la baisse des rendements. La production d’oléoprotéagineux et les surfaces de prairies seraient augmentées dans cette simulation, toujours dans un souci de meilleur équilibre en azote, mais l’Union européenne deviendrait alors dépendante des importations en céréales, produits laitiers ou encore viande de porc.

Se protéger des importations

Les implications de tels changements ne sont pas négligées par les auteurs. Outre les investissements massifs nécessaires sur la recherche et la technique pour les agriculteurs. L’Europe devrait aussi les protéger davantage des importations, par des tarifs aux frontières notamment. La Pac devrait également être adaptée pour orienter les producteurs vers ces nouvelles pratiques.

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement